Tout sur l'ouverture du coffre

1.12.17

Il était 9 heures précises en ce jeudi 16 novembre quand deux gaillards, un grand baraqué pas tout jeune et un plus petit mais costaud ont sonné à notre porte. Très rapidement, après avoir "jaugé la bête", les professionnels se sont mis à l’ouvrage. Tout comme dans les films, le grand gaillard, assis sur un siège, a sorti son stéthoscope et l'a plaqué contre le coffre. Puis il y a collé son oreille pour écouter attentivement, en dépit du bruit ambiant car plusieurs ouvriers s’affairaient dans le local. En deux temps trois mouvements, le code a été trouvé. 

Pour la serrure, ce fut une toute autre histoire. Et pourtant les compères connaissent leur affaire. Surtout le plus vieux pour qui le perçage de coffre est son lot quotidien. Cela fait 43 ans que chaque jour ou presque il ouvre des coffres-forts ! Il en connait donc un rayon sur la question qui le passionne toujours autant. D'ailleurs, il a tout de suite démenti le fait que ce soit un Leriche. "Avec une serrure comme ça ça ne peut être qu'un Delarue !". Pendant près de deux heures, ils se sont échinés à ouvrir la porte : perceuse, endoscope, corde à piano, ...  Le premier trou percé n’a pas abouti. Visiblement, le plan de la serrure qu’ils avaient apporté avec eux ne correspondait pas à la serrure en place. C’est ce qui fait d'ailleurs la richesse de ce métier, les coffres semblent identiques mais gardent chacun leur spécificité ! Le deuxième trou, percé au millimètre près s'est retrouvé exactement face au penne. Un coup de corde à piano et hop, comme par magie, la porte s’est ouverte, sous nos yeux ébahis ... ainsi que ceux de tous les ouvriers, massés autour du coffre. Très discrètement, les professionnels du coffre se sont écartés pour nous laisser contempler l’intérieur, comme s’ils ne s’autorisaient pas eux mêmes à regarder. 

Fébrilement, nous avons sortis du coffre tout ce qui se trouvait à l’intérieur. Soit ... des papiers ... des papiers ... et encore des papiers. Visiblement très déçus, les ouvriers sont retournés à leur chantier. Les perceurs de coffre s’en sont allés boire une petite bière au troquet du coin, non sans avoir emporté la serrure avec eux. C’est la tradition. Leur récompense ! Ils vont pouvoir l’étudier encore et encore pour se perfectionner.

Quant à nous, nous n’étions pas déçus. Nous craignions de trouver des documents sans rapport avec Monsieur Eugène, mais ce n’est pas du tout le cas : documents d’état civil, de succession, de patrimoine immobilier, de travail, d’éducation, des lettres, cartes de vœux, bons et actions … nous avons là de quoi reconstituer une grande partie de la vie du photographe et raconter encore de belles histoires. Allez, confessons un petit regret tout de même : ne pas avoir trouvé de nouvelles photos ... et un journal de bord !

Nous en profitons pour remercier à nouveau tous nos amis kissbankers qui nous ont si généreusement soutenus et à qui nous devons ces petits trésors. Merci à Caroline, André L., Monique, Jean, Eric, Hélène, Arnaud, Laetitia, François, Laurent, Christel, Jean-Yves & Anne, André V. & Monique, Xavier & Catherine, Cathy & Dominique, Gilles & Patricia, Christophe & Sylvie, Pierre & Nau, Eliott, Alexia, Max & Valie.

Pour conclure, voici un petit cadeau bonus, un écrit daté du 1er janvier 1883, de la main de Monsieur Eugène alors qu’il n’était qu’un enfant. Il avait 6 ans et demi. Cliquer ici.

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1 commentaires

  1. Vous êtes nombreux à vous interroger sur le devoir de style de M. Eugène. "Ce n'est pas possible !" "c'est pas lui qui a écrit !" "il a recopié !", etc.. etc... Sur l'écriture, pas de doute possible car nous avons retrouvé des lignes d'écriture de lui de la même époque et c'est bien de sa main (on voit d'ailleurs que le titre "devoir de style" a été écrit par un adulte). Pas de doute non plus selon nous sur le texte en lui même car il reflète quand même bien la candeur d'un enfant. Quant à la grammaire et l'absence de faute, ça nous semble plausible. A cette époque l'enseignement était particulièrement centré sur l'orthographe et la grammaire et on se faisait un point d'honneur à bien écrire. Il est vrai que ça fait réfléchir sur le niveau d'écriture actuel !!

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