#13 Le Pont Fatal des Buttes Chaumont

24.11.17

Le pont fatal des buttes Chaumont Paris circa 1900


Grâce au Belvédère et son Temple de la Sibylle, le parc des Buttes Chaumont se reconnait au premier coup d’œil. Il a finalement peu changé en plus d’un siècle. Tout juste un grillage a-t-il été rajouté depuis, le long du pont qui surplombe le lac, probablement pour éviter les accidents. Rappelons qu’à la Belle Époque le pont était dénommé “Pont Fatal” ou encore “Pont des Suicidés” - dernier nom qu’il a d’ailleurs conservé - ça veut tout dire ! On aperçoit également sur le côté gauche de la photo le fronton de la Mairie du 19e.

C’est pour l’Exposition Universelle de 1867, sur ordre de Napoléon III, que ce parc à l'anglaise a été créé et inauguré en grandes pompes. Son architecte était Adolphe Alphand, à qui l’on doit également les Bois de Boulogne et de Vincennes, les parcs Monceau, Montsouris et bien d’autres réalisations “vertes” haussmanniennes. Le parc a été construit sur des carrières de gypse et de pierres meulières épuisées ou presque car elles ont été longtemps utilisées pour la construction des maisons du centre de Paris. Le site qui faisait partie de ce qu'on appelait alors le “quartier d'Amérique” était devenu insalubre; il servait de bassin d'épuration, de décharge publique et même de cimetière à ciel ouvert pour chevaux ! Le chantier ne dura que trois années mais fut difficile à cause des éboulements : le sous-sol est un vrai gruyère !
 

Le parc, inspiré d’Etretat, l’un des plus grands espaces verts de Paris et des plus élevés (40m de dénivelé), fut un véritable succès à son ouverture. Le public afflua en masse dans ce décor tout en béton et totalement artificiel, lieu de ballade pittoresque et bucolique avec ses grottes et ses (fausses) stalactites, ses cascades, ruisseaux, alpages, temple, décors en béton rocaille, pont suspendu…  Cependant, l’enthousiasme retomba aussi vite qu’il était venu. Le parc déclina très rapidement. Il était situé dans un quartier encore mal famé en ce début de siècle. Au beau milieu des ateliers d’artistes, des guinguettes et proche des industries et des usines de la Villette, il était fréquenté principalement par les ouvriers de Belleville qui parait-il n’en prenaient pas grand soin (fleurs cueillies, arbustes et pelouses saccagés, etc …). Les bourgeois s’en tenaient à bonne distance et on peut d'ailleurs s’étonner de la présence de Monsieur Eugène en ce lieu. 

Sur la photo néanmoins on peut voir un beau mélange de genres. Le beau monde et le peuple se croisent. Monsieur Eugène n’est pas venu seul. Le monsieur et la dame qui discutent ensemble au premier plan sont des proches du photographe. Ils figurent sur dautres photos mais nous ne les avons pas encore identifiés. Il est possible que les gens qui les suivent font eux aussi partie de la petite troupe.

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1 commentaires

  1. Mais dites donc ! Bien intéressant les Buttes Chaumont mais j'aurais surtout aimé en savoir plus sur le contenu du coffre. Déjà que je suis pas mal déçue qu'il n'y ait pas de lingots (qu'évidemment nous nous serions tous partagés) mais vous pouvez peut-être nous donner quelques os à ronger...
    Bon soyons patients, vous devez y penser...

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