#36 Le Mont Saint-Michel

24.10.20

 
Photographes devant le Mont Saint-Michel

Pour trouver le lieu de prise de vue de cette belle photo, avouons que ce fut assez facile ... 

Pour les personnages, pas très visibles, c'est plus hasardeux. On peut quand même avancer sans trop de risques d'erreurs que la personne au sol, reconnaissable à sa barbichette en pointe, est Charles, le frère aîné de Monsieur Eugène ; celle debout avec le canotier pourrait être son père et le grand personnage en costume local serait leur guide. Sa blaude (blouse) est typique de la Normandie de l'époque, en particulier  dans la Manche. Quant au photographe... le mystère demeure. L'appareil photo sur pied requiert toute l'attention du petit groupe. A l'époque on prenait peu de photos, il fallait alors que ce soit la bonne du premier coup. Surtout pour une telle merveille ! Notre Monsieur Eugène semble s'amuser de la scène et l'immortalise ... 
 
De tous temps, le Mont Saint-Michel a attiré les foules : les pèlerins d'abord pour l'Abbaye, les familles de prisonniers ensuite à la Révolution, après la transformation de l'Abbaye en prison, puis les Romantiques se sont amourachés du lieu contribuant à sa renommée... Le développement du tourisme balnéaire au XIXe s., la construction de la digue-route (détruite depuis) en 1879  et l'arrivée du train en 1901 ont fait le reste. On compte déjà 30 000 touristes en 1885 et 100 000 vers 1910. On est encore loin des 3 millions actuels ! D'ailleurs le petit groupe semble perdu dans l'immensité du site, on ne voit personne à l'horizon ou presque. On rêverait de faire la visite dans de telles conditions. 
 
On a tenté de trouver des photos avec le même angle de vue pour comparer avec le mont actuel et ça n'a pas été facile car rares sont ceux qui photographient le monument de ce côté-ci. On note peu de changements. Quelques maisons ont disparu, dont la grande blanche qui se détache (une des nombreuses dépendances de l'hôtel Poulard). On s'est échiné à essayer de dater la photo en s'aidant des échafaudages dans le fond mais en vain, car ils y sont restés trop longtemps... La présence du wagon indique tout de même que la photo est postérieure à 1901.

Après ce petit tour, gageons que nos amis sont allés se faire servir une bonne omelette chez la Mère Poulard, la célèbre auberge ouverte en 1888. Une visite incontournable pour les parisiens de la Belle Époque. Et c'était Annette Poulard en personne qui officiait à cette période et régalait les marcheurs fourbus. Et comme elle prenait très peu de personnel, on était à peu près sûr de tomber sur elle.

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